Imaginez que votre réfrigérateur se mette à vous donner des conseils de santé. Oui, ce même confident au dos épais qui n'a jamais parlé, mais qui vous a servi sans relâche. Son tempérament sans jugement, qui gardait autrefois votre lait froid et vos secrets à l'abri, est aujourd'hui élevé au rang de sensei du bien-être, vous guidant dans les crises existentielles et vous faisant vous demander pourquoi vous avez acheté ce pot de glace extra-large en premier lieu. Bienvenue dans un monde où l'intelligence artificielle ne sert pas seulement à garder les mains libres ou à renforcer notre estime de soi dans une partie d'échecs en 8 bits - elle entraîne activement notre sensibilité humaine collective.

Après avoir appris de nous pendant des années, elle a atteint l'âge (ou non) de pouvoir vous suivre, vous et vos amis. L'ironie de la chose n'échappe à personne : l'IA ne peut être aussi bonne que nous le sommes, un peu comme on continue à blâmer les parents pour leur enfant à problèmes. Mais c'est là que les choses deviennent intéressantes : l'IA apprend en termes de données, sans tenir compte des caprices de l'homme. Elle consomme des informations et les conjugue pour en présenter de nouvelles expressions. Elle est comme un miroir aux capacités surhumaines, présentant un aspect de notre réalité que nous n'avions jamais remarqué, ou que nous avions trop peur d'affronter.

La révolution de l'IA n'est plus « en cours », elle est en marche sans interrupteur, et elle continuera à représenter l'ingéniosité de l'humanité - mais aussi à mettre à nu notre stupidité, nos préjugés, nos réserves et notre adhésion excessive à certaines idéologies et expressions. Tout cela pour dire que le fait de regarder un jumeau non binaire dans une machine pourrait peut-être nous aider à être plus humains.

Les travaux utilisant l'intelligence artificielle, en particulier dans le monde de la publicité, commencent déjà à refléter un certain muscle de la conscience de soi que nous commençons à développer. L'initiative E.V.A. de Volvo, Contrails et Project Understood de Google, Dot Translate, The AI President d'AnNahar, AI-Shu d'Olay et même le ketchup AI de Heinz ne sont que quelques exemples de la manière dont l'objectivité d'un algorithme réécrit les termes relatifs de l'expérience humaine.

Nous vivons dans une double réalité sans même nous en rendre compte. Le monde réel et le monde fantaisiste où l'IA ne se contente pas de nous assister, mais remodèle activement notre façon de penser, de nous comporter, de rêver et, à l'occasion, de rire de nous-mêmes. Car si l'IA a le pouvoir de transformer nos préjugés en opportunités d'apprentissage et de remettre en question nos hypothèses les plus fondamentales, alors qui sait, nous pourrions devenir un peu plus humains en cours de route.

Cet article n'est pas un verdict ni une ordination, loin s'en faut, et personne n'est vraiment un expert de cette réalité mouvante, mais il est absolument de notre intérêt d'être des observateurs attentifs qui maintiennent ce dialogue accessible.

Auteurs : Nishant Shah et Andre Couto, directeur exécutif de la création et directeur de la création chez Serviceplan Middle East - rédigé avec ou sans l'aide de l'IA. Est-ce important ?